Antoine de Maximy semble faire partie de ces hommes à la confiance inébranlable que rien n'effraie. Parcourant depuis plus de trente ans le globe sous toutes ses latitudes, l'inconnu suscite toujours en lui une force d'attraction motrice. Dans le cadre du Festival Per sentieri e remiganti, sa présence le 5 juin à Turin marquait donc un rendez-vous incontournable pour tous les voyageurs attirés hors des sentiers battus.
Rompu à l'exercice journalistique, correspondant pour CBS, réalisant des reportages de guerre et de nombreux documentaires animaliers et scientifiques, c'est avec son émission "J'irai dormir chez vous" diffusée par France 5 qu'Antoine de Maximy obtient la reconnaissance du grand public. Autrement dit, fini l'anonymat ! Le succès de ses films fait qu'il est aujourd'hui reconnu même au pied de la Mole ! C'est lui en effet cet infatigable aventurier qui nous emmène musarder au-delà des frontières prenant le monde comme terrain de jeu et le téléspectateur comme témoin privilégié.
Muni de l'essentiel ( pour que le tout rentre dans une seule machine à laver) soit six chemises rouges, autant de caleçons et de paires de chaussettes, assorti d'un pantalon de rechange, le voilà prêt ! Oups, sans oublier son troisième œil, sa caméra portative. Sans elle, c'est le téléspectateur qui est privé du voyage ! Par elle, se créer une forme d'intimité comme si Antoine nous portait au creux de son épaule (enfin avec 7 kilos de matériel, il faut avoir les reins solides!). Pour nous, en tout cas c'est confortable même si quelques secousses accentuent notre vigilance...
Laissant son Ego au vestiaire pour être mieux disponible à la rencontre, Antoine de Maximy a pour principe de ne jamais rien demander à celui qu'il croise “comme ça la personne va te parler de ce qui l'intéresse, de ses préoccupations”. Ayant parcouru plus de 90 pays, il note qu'il y a bien des préoccupations communes : “les parents veulent assurer l'avenir de leurs enfants et chacun veut passer de bons moments avec ses amis”. Sous son regard, l'humanité semble avant tout partager un grand bain de fraternité “Beaucoup d'événements dramatiques nous sont relayés par les médias mais c'est peu par rapport à ce qui se vit... la gentillesse se trouve partout”.
Ce soir, l'émotion est directe grace aux quelques notes du Prélude de Bach et de l'Ave Maria échappées de ses deux mains.
Poussé par "l'envie de faire avec de petits moyens pour retrouver la liberté de partir quand et où je veux", il réussit donc à s'affranchir des formats standard des programmes télé habituels. Improvisant ses voyages pour mieux se laisser guider par l'imprévu, son propre système de navigation le conditionne à suivre le chemin le plus hasardeux : celui qui se dérobe aux clichés et aux stéréotypes de cartes postales. Cherchant avant tout à restituer une atmosphère, il réalise sciemment l'impasse sur toutes les données informatives du pays qu'il visite, hormis sa localisation, tandis qu'il tente de nous communiquer tout ce qui met ses sens en éveil.
Ce soir, on ne sait pas où il est allé dormir mais il semblait qu'un ami se trouvait dans la salle avec nous pour partager simplement l'émoi de ses rencontres et le plaisir de l'instant à être ensemble.