25/09/2012

Les petites roses à 100,000 Dongs



C'est à Ho Chi Minh, Li, 50 ans, notre hôte depuis deux jours, nous propose très humblement si nous accepterions d'attendre notre avion prévu tard dans la nuit dans un karaoké qu'il connait plutôt qu'à notre hôtel. Nous le suivons. Au fond d'une impasse, nous entrons dans cet endroit
assez sombre parsemé de tables et chaises, des amis de Li sont déjà là. Les musiciens jouent, oui, c'est un karaoké live! Un pianiste flanqué d'un violoniste et d'un guitariste accompagnent les chanteurs. Ils sont de tous âges et la plupart se connaissent et s'encouragent de signes de têtes, personne ne manifeste bruyamment. C'est le tour de Li, il nous dédie un Besame Mucho émouvant tellement il habite la chanson mais avec la retenue mesurée, travaillée de ceux qui ont pesé et compris les mots. Durant leur prestation, le petit public présent, peut à tout moment, porter une rose rouge en tissu au chanteur pour le remercier. Préalablement, un petit billet de 100,000 dongs, l'équivalent de quelques cents, aura été roulé et inséré dans la corolle de ces petites fleurs dérisoires. Même lorsqu'une prestation semble moins plaire, quelque âme bienveillante portera avec enthousiasme l'une de ces fleurs à cet ami qui chante. L'argent n'a pas d'importance, il revient d'ailleurs à l'établissement pour qu'il continue à fonctionner. Il y a bien sûr un coté suranné, hors du temps, dans ce petit établissement où les individus ont le temps, sont peu démonstratifs mais qui vraiment s'apprécient. C'était bien. Je les observais , j'imaginais qui ils étaient vraiment, la plupart avait souffert, je trouvais leurs chants exutoires. Je me disais que celui-là, près de moi qui devait avoir 70 ans, avait environ trente ans en 1970, en pleine guerre du VIET NAM. Ces petites roses désuètes et minables, elles n'ont même pas d'épines! Elles offrent seulement l'opportunité de partager simplement, sans caméra, de l'amitié et de la gentillesse. A chacun sa façon, non? Je vous embrasse. Stef