Amandine, c'est elle! |
Mais qu’est ce que le kitsch?
Tout de suite on pense aux nains de jardin, aux horloges assiettes, aux boules
à neige, tous ces bibelots au pouvoir décoratif douteux que l’on essaye de
revendre des années plus tard dans des vide greniers. Le kitsch c’est ringard.
Et pourtant. Aujourd’hui,
il s’offre une nouvelle identité grâce à la mode…
Qu’il soit baroque, pop, rétro, disco, burlesque, à travers les grosses lunettes, la surenchère de breloques, les fourrures synthétiques, les tee-shirt Disney, les imprimés figuratifs et géométriques ou les associations de couleurs inhabituelles, les Crocs, les excès de maquillage et bien sûr les best seller du genre: les tee-shirts Johnny ou motifs tête de loup sur fond de pleine lune. Un seul mot d’ordre: le second degré. Affectif et passionnel, le kitsch est un art du bonheur.
Les magazines de mode sont
friands de rubriques “Fashion police” où des individus soit disant qualifiés
notent les tenues des peoples sur 10. Je me souviens d’une actrice, il y a
quelques années qui arborait une robe verte pomme avec des bottes blanches en
PVC au Festival de Cannes. Les magazines avaient crié au scandale
vestimentaire. Enfin cette liberté que permet le kitsch est un moyen pour mettre
fin à la dictature du goût. Mêmes les
marques de luxe s’y mettent; Carven n’hésite pas à imprimer des scènes de vie
moyennageuse sur une de ses robes de la dernière collection. Miu Miu fait
revivre de gros imprimés géométriques et des accessoires surdimensionnés. Le
mauvais goût est sublimé et assumé. C’est peut-être la fin de la règle des trois couleurs et des associations
interdites. Qui a dit que le vert ne pourrait pas se porter avec le jaune?
Amandine, elle, ne suit
aucunes règles. Elle porte de la fourrure avec de la paillette, des robes
roses, vertes, à fleurs avec des ceintures dorées, d’ailleurs elle le dit elle-même, le doré c’est bien plus kitsch que l’argent. Elle arbore
toujours une bonne quantité de breloques autour du cou. Mais elle a l’oeil et
le sens du détail. Tout se fait très naturellement. Pour elle, le kitsch, ce
sont des pièces ringardes qui, bien associées forment un ensemble intéressant
mais hors norme.
D’inspiration rétro, elle est
sensible aux chapeaux melons ou aux belettes en fourrure avec les griffes
encore visibles! Etant petite, elle idéalisait le look de Miss Fine dans une
nounou d’enfer. Mais elle alimente son imaginaire avec toutes les images
qu’elle voit dans les magazines, sur internet et surtout dans les films et dessins
animés (Burton, Kubrick, Tarantino).Que des réalisateurs avec un univers très
fort, mystérieux et fantasque. Elle cite Alex dans Orange Mécanique qui est par
ailleurs son film préféré de tous les temps. Une chose est sur Amandine aime
les personnages excentriques. L’éxcès et l’éxagération sont en effet deux
grandes lignes de conduite du kitsch.
Pour satisfaire ses envies
peu communes, Amandine s’approvisionne la plupart du temps en friperie,
brocante ou vide greniers. C’est d’abord la couleur qu’elle repère puis la
coupe et les artifices. Parfois, elle y apporte ses retouches, raccourcit les
robes, brode quelques perles, coud des cols dentelle. Il y a quelques jours,
elle m’a dit avoir découvert une nouvelle adresse parisienne pour élargir sa
garde robe déjà bien remplie. “Cette fois-ci je m’achète quelque chose de
portable”: me dit-elle en entrant dans la boutique Goldy Mama, un mini temple
du kitsch perdu au fin fond du XXè. Un lieu qui arbore un papier peint orange
et rose au mur, des lustres en faux cristal au plafond et des peaux de bêtes au sol. Un décor de cinéma. Amandine se jette à l’assaut des
portants, quelques minutes plus tard je la retrouve bras chargés dans lesquels
je distingue une robe blanche à
froufrous, une jupe longue à fleurs et une robe noire à broderies dorées.