07/12/2012

Qui de l'oeuf ou du joaillier est apparu en premier?



Evènement de fermeture des célébrations culturelles italo-russes de 2012, l'exposition Fabergé se prolonge jusqu'au 9 Décembre à la résidence royale de la Venaria qui offre à cette collection de joyaux un merveilleux écrin.




Qui de l’oeuf ou du joaillier est apparu en premier?
Paradoxe là encore seulement pour souligner que ce joaillier à travers ces magnifiques formes ovoïdes a certainement touché à la quintessence de son art. Support à toutes les fantaisies et surtout à la poésie, ces oeufs se drapent d’un raffinement exceptionnel, l’esthétique parfaite sublimant la prouesse technique et mécanique. Que ce soit par l’art du guillochage ou de l’émaillage, la maîtrise semble ici portée à son apogée, là où la précision, l’éclat, la délicatesse semblent atteindre au même point culminant! 


Si les oeufs de Fabergé ont incarné pendant près d’un siècle le faste de l’empire russe, couvés dans les sphères de sa plus haute dynastie, leur renommée s’est répandue à travers le monde. Ayant même valeur de référence  pour le cinéma on les retrouve notamment dans ces deux films cultes que sont Octopussy et plus récemment Intouchables. Aujourd’hui, les heureux mais rares propriétaires, privés ou aux mains de fondations soucieuses de leur sort  (comme Link of Times Cultural and Historical Foundation) doivent ici être contentés par un public venu en masse s’émerveiller devant ces créations laissant parcourir dans la salle un sourd murmure d’admiration face à la splendeur de l’oeuf au muguet (cf photo: 1898 dans le tout nouveau style Art Nouveau)  et de l’arbre en jade.

Le premier oeuf à la poule 1885
Maître joaillier de la cour impériale des Romanov, Carl Fabergé crée le premier oeuf sur commande d’Alessandro III désireux de suivre le rite traditionnel de la Pâques orthodoxe. Correspondant à l’arrivée du Printemps et au renouveau de la nature, les oeufs sont peints avec des couleurs vives représentant un symbole de pureté, de jeunesse et d’innocence. Offert à son épouse Maria Fjodorovna, l’Uovo Gallina avec sa texture en smalte, son or opaque et sa couronne miniature surhaussée d’une breloque en rubis initia ainsi une longue et fructueuse collaboration. Après la mort d’Alexandre III et l’accès au pouvoir de son fils Nicolas II, devenu le dernier tsar de russie en 1894, la tradition se perpétua par la création de deux oeufs destinés l’un à sa mère et l’autre à son épouse Aleksandra (« Ces oeufs matérialisaient l’amour de l’ultime tsar russe pour sa femme. Le langage exquis  et extravagant  de l’art de l’orfèvre raconte beaucoup plus sur les rapports entre les conjoints  que les paroles ne pourront jamais dire”).

L’histoire fera donc leur légende puisque chaque année verra éclore des créations à chaque fois unique et originale essaimant une lignée de 52 oeufs dont huit sont aujourd’hui perdus. Commémorant les évènements historiques de la famille royale, ces oeuvres émaillées d’or et de pierres précieuses participeront pleinement à l’essor de la culture russe, symbole de prestige. 


L'oeuf au carrosse du couronnement de 1897
S’adaptant aux innovations techniques liées notamment à l’horlogerie, elles imprimeront à leur façon la marche du temps jusqu’au dénouement tragique du destin de cette famille emblématique sacrifiée en 1918 sous les feux de la révolution bolchévique russe. Là se termine la dynastie des Romanov immortalisée par la beauté de leurs quatres jeunes filles en fleurs par la grande poétesse Marina Tsvetaieva évoquant "una nuvola di bambine bianche…tre….quattro…o solo un paio? Una nuvola di bambine bianche? ma no, lassù nello spazio. Una nuvola di farfalle bianche? Una deliziosa nuvola di piccole principesse..." Considérée comme martyr par l’église orthodoxe, la famille sera canonisée en 1981.
Maria, Tatjana, Olga et Anastasia
Si on ne sait pas qui est apparu en premier, on sait au moins dans cette histoire que c’est l’oeuf qui reste en dernier… sans que rien ne soit ôté au mystère de la Création.


Si vous ne le saviez pas déjà, Wiki (surnom de notre ami Wikipédia) nous éclaire sur le glossaire de certains procédés techniques:

L’art du guillochage 
Le guillochis est notamment utilisé comme élément décoratif en architecture, en joaillerie, en coutellerie et en ébénisterie. Présent sur les billets de banque et les documents d'identité, c'est aussi un élément de sécurité visant à compliquer la tâche des faussaires.
L’art du guillochage  selon www.decors-guilloches, dont l’origine remonte au 16ème siècle, consiste à «orner de traits gravés, sculptés en creux et entrecroisés», un objet. Au début, on le pratiquait essentiellement sur des matériaux organiques, tels que l’ivoire, le bois, la corne, la noix de coco, ou sur les pierres tendres.
A la fin du 18ème siècle (1786), L. A. Breguet l’introduit dans l'horlogerie pour décorer ses cadrans et ses boites de montre. Le brillant de la coupe dans les métaux précieux donnant un effet décoratif hors pair, cette technique connu un extraordinaire essor au 19ème siècle, notamment grâce à Carl Fabergé.

 L'art de l'émaillage
L'émaillage toujours  selon Wiki est un procédé de fabrication consistant à déposer sur un métal, ou un autre support, une couche vitreuse, transparente ou colorée. La pièce à émailler est couverte de pigments, en suspension dans une huile volatile, et est ensuite soumise à une température d'environ 800°C: l'huile s'évapore et les pigments fondus sont liés au support. Les pièces émaillées ont une grande durabilité, une grande résistance aux rayures et aux agents chimiques, et sont faciles à nettoyer.

L’art de la joaillerie
Wiki présente la joaillerie comme l'art de fabriquer des joyaux et, plus largement, des objets de parure mettant en valeur des pierres précieuses, des pierres fines, des pierres ornementales et des perles, en utilisant pour les montures des métaux précieux tels que l'or, l'argent, le platine, voire le palladium.

L'art de l'orfèvrerie
Wiki précise que l'orfèvrerie a trait à la fabrication, la transformation ou la restauration d'objets divers faits de métaux précieux, liés au culte, à l'usage domestique, à l'ameublement ou l'art de la table.